Une hypertrophie des petites lèvres se traduit par une taille disproportionnée des petites lèvres par rapport aux grandes lèvres qui les recouvrent. Quoique visuellement inesthétique, l’hypertrophie des petites lèvres est loin d’être une maladie. En effet, elle affecte la grande majorité des femmes et ne cause généralement pas de problèmes, sauf dans de rares cas. Tout comme l’hypertrophie clitoridienne, cette situation peut être source d’inconfort et nécessiter une intervention chirurgicale visant à réduire la taille des petites lèvres. Nous allons, dans les lignes qui viennent, faire un tour d’horizon de cette « anomalie » génitale qui est source de complexe et de honte chez de nombreuses femmes.
Symptômes d’une hypertrophie des petites lèvres
Les petites lèvres étant plus sensibles que les grandes lèvres protectrices, leur grande taille peut engendrer quelques difficultés chez la femme. Lorsque les femmes touchées par cette affection portent des vêtements comme un maillot de bain, il se produit un gonflement dû à la taille excessive des petites lèvres. Il peut surgir une gêne lors du port de pantalons trop serrés ou de strings, de même qu’une perturbation des différentes activités par frottement ou coincement des petites lèvres. Un frottement prolongé peut conduire à une altération de la peau qui peut devenir rugueuse et irritée.
Une hypertrophie des petites lèvres peut induire des douleurs pendant les activités physiques comme l’équitation et le vélo. La plupart des activités, en particulier celles qui exercent une pression sur la région vaginale peuvent être sources d’inconfort. La zone devient très sensible et la toucher devient difficile à cause des fortes douleurs. Le nettoyage des plis devient également plus délicat surtout pendant les menstrues et cela peut conduire à des infections chroniques.
L’inconfort et les douleurs peuvent causer un gène sexuel aussi bien pendant les préliminaires que lors des rapports, car les petites lèvres peuvent provoquer un blocage. L’affection peut également avoir un impact psychologique, par le fait d’avoir honte de se mettre nue devant son partenaire à cause de la longueur anormale des petites lèvres.
Causes d’une hypertrophie des petites lèvres
L’affaissement des organes génitaux externes n’est pas considéré comme une maladie, ou un écart par rapport à la norme. De nombreuses femmes sont concernées et complexées par ce mal qui est à tort considérée comme un sujet tabou. Selon les statistiques, 8 femmes sur 10, c’est-à-dire la grande majorité des femmes en souffre. Cela devrait donc rassurer celles qui se croient anormales. Tout comme l’une des jambes peut être légèrement plus longue que l’autre, les petites lèvres peuvent parfois déborder.
La plupart du temps, les causes ou origines d’une hypertrophie des petites lèvres restent inconnues. En réalité, c’est une question d’anatomie où chaque femme a ses propres particularités et où la génétique joue un grand rôle. Des fois, les petites lèvres perdent leur tonus et deviennent flasques sous l’influence de facteurs externes. D’autres femmes peuvent développer cette malformation après la puberté. Au fur et à mesure que les œstrogènes et les autres hormones augmentent pendant la puberté, de nombreuses mutations peuvent se produire, y compris la croissance excessive des petites lèvres.
La grossesse et l’accouchement sont aussi des causes possibles de ce changement. Pendant la grossesse, l’augmentation du flux sanguin vers la région génitale peut augmenter la pression au niveau des petites lèvres et conduire à un changement anatomique. Dans certains cas une hypertrophie des petites lèvres peut survenir en raison d’une infection ou d’un traumatisme dans la région vaginale. D’autres facteurs pouvant être pris en compte comprennent le vieillissement, une sexualité trop active, ainsi qu’une une perte de poids rapide ou excessive. Aucun test ou imagerie spécifique n’est utilisé pour diagnostiquer une hypertrophie des petites lèvres. Un médecin fera le diagnostic sur la base d’un simple examen physique.
Traitement d’une hypertrophie des petites lèvres
Dans la plupart des cas, une hypertrophie des petites lèvres n’a pas besoin d’être traitée. Cependant, si elle est la cause de douleurs, des options chirurgicales comme la labiaplastie, également connue sous l’appellation de nymphoplastie peuvent aider à solutionner ce problème. Ces deux termes sont synonymes, mais le terme le plus couramment utilisé est la nymphoplastie. La nymphoplastie consiste à retirer la portion excédentaire des petites lèvres.
Anesthésie
La réduction labiale peut être réalisée sous anesthésie locale, sous sédation consciente, ou sous anesthésie générale, soit en chirurgie discrète, unique, soit en conjonction avec une autre intervention chirurgicale gynécologique ou esthétique. La résection proprement dite est facilitée par l’administration d’une solution anesthésique (lidocaïne + épinéphrine en solution saline) qui est infiltrée dans les petites lèvres pour réaliser la tumescence (gonflement) des tissus et la constriction du système circulatoire labial pertinent. L’hémostase limite les saignements.
Techniques couramment employées
Plusieurs techniques chirurgicales permettent de réduire la taille des petites lèvres et de diminuer les problèmes qui vont avec.
La technique d’origine était la résection simple des tissus situés sur le bord libre des petites lèvres. Une pince est placée à travers le tissu labial à réséquer, afin d’établir l’hémostase (arrêt du flux sanguin) et le chirurgien résèque les tissus, puis suture le labium coupé. Cette procédure est utilisée par la plupart des chirurgiens, car elle est le plus facile à effectuer. Les inconvénients de la technique de résection du bord labial sont la perte de la rugosité naturelle (rides) des bords libres des petites lèvres. Il y a également un risque accru d’endommager des terminaisons nerveuses.
L’exérèse triangulaire permet de dissimuler au maximum la cicatrice grâce à des techniques spéciales de suture. Cette méthode permet de retirer un triangle excédentaire de muqueuse sur la moitié postérieure de la petite lèvre. L’aspect des replis de la lèvre est conservé et la cicatrice est dissimulée au niveau de la jonction entre la grande et la petite lèvre.
La méthode longitudinale consiste à retirer l’excès de muqueuse le long de la lèvre. On obtient de très bons résultats avec cette technique dans le cas où l’excès de petite lèvre est reparti sur toute la longueur de la lèvre. Grace à des techniques de dissimulation des sutures, la lèvre conserve son aspect naturel et la cicatrice est invisible. Aucun trouble de cicatrisation et de douleurs n’est observé après cette intervention. Le lâchage de suture est exceptionnel et s’il arrive, les conséquences sont mineures car la lèvre cicatrisera spontanément. C’est une technique très fiable qui donne d’excellents résultats.
La réduction labiale au moyen d’une résection cunéifère centrale consiste à couper et à retirer une cale de tissu d’épaisseur partielle dans la partie la plus épaisse du labium. Contrairement à la technique de résection des bords, la technique de résection du coin central préserve la rugosité naturelle (bord «plissé») des petites lèvres. Cependant, si elle est pratiquée en pleine épaisseur, il existe un risque potentiel d’endommager des nerfs labiaux pertinents, ce qui peut entraîner des névromes douloureux et un engourdissement. Une élimination partielle de la muqueuse et de la peau, laissant la sous-muqueuse intacte, diminue le risque de cette complication.
La réduction labiale au moyen de la désépithélialisation des tissus consiste à couper l’épithélium d’une zone centrale sur les faces médiale et latérale de chaque labium, soit avec un scalpel, soit avec un laser médical. Cette technique de labiaplastie réduit l’excès de tissu vertical, tout en préservant la rugosité naturelle (bord libre ondulé) des petites lèvres, et préserve ainsi les caractéristiques sensorielles et érectiles des lèvres. Cependant, le désavantage technique de la désépithélialisation est que la largeur du labium individuel peut augmenter si une large zone de tissu labial doit être désépithélialisée pour obtenir la réduction labiale. Comme pour toute intervention chirurgicale plastique, ces techniques sont appliquées en fonction de l’anatomie et des besoins de la patiente.
Hypertrophie des petites lèvres et controverses
L’hypertrophie des petites lèvres est un sujet controversé. Nombreuses sont les voix qui s’élèvent contre le fait que certains médecins classent cet état comme une anomalie. La labiaplastie, opération consistant à réduire la taille des petites lèvres n’est pas non plus épargnée par cette controverse. Les critiques affirment que la décision des femmes qui choisissent de subir cette procédure est influencée par les photos pré-pubères des femmes qu’elles voient dans les publicités ou la pornographie.
En Australie, le Collège royal des médecins a publié des lignes directrices quant au renvoi des patients insatisfaites de leurs organes génitaux vers des chirurgiens plastiques. Une directive exigeant que les femmes soient informées de la variation naturelle des labias a entraîné une réduction de 28% du nombre de chirurgie vulvaire pratiquée. Contrairement aux hôpitaux publics, les chirurgiens esthétiques en cabinet privé ne sont pas tenus de suivre ces règles, et les critiques disent que des prestataires « sans scrupules » n’hésitent pas à recommander cette opération aux femmes.
Aux États-Unis, un chirurgien spécialisé en labiaplastie peut gagner jusqu’à 250 000 $ par mois. Simone Weil Davis, professeur d’études américaines, a déclaré au magazine Shameless en 2005 que les chirurgiens perpétuent l’idée que les organes génitaux féminins doivent avoir une certaine apparence. Parce que la plupart des femmes ne voient que leurs propres vagins ou des photos pornographiques, il est facile de les faire douter d’elles-mêmes.
L’hypertrophie des petites lèvres, tout comme l’hypertrophie clitoridienne, est en réalité une variation normale de leur taille. Il n’existe aucun standard de taille et le terme « hypertrophie » lui-même doit être remis en cause. Si la réduction par la chirurgie de la taille des petites lèvres est justifiée pour les femmes qui expérimentent des douleurs, dans la plupart des cas, elle n’a pas lieu d’être. En effet, ce n’est pas aux autres de définir ce que doit être le corps des femmes.