Chaque année en France, 800 à 2000 femmes accouchent sans se rendre compte de leur grossesse. Pouvant être partiel (la femme s’en rend compte avant le terme de la grossesse) ou total (jusqu’à l’accouchement), ce mécanisme psychique est assez connu mais semble dépasser totalement la réalité. Pourtant, les études scientifiques et les investigations de la presse à ce sujet se sont suffisamment multipliées pour confirmer qu’une femme peut potentiellement devenir la proie de cette perversion dévastatrice du destin. Bien des savants se sont penchés sur le déni de grossesse comme un « trouble rare et mystérieux ». Rare et mystérieux ? Absolument. Un trouble ? Pas exactement, du moins pas d’ordre physique. Voici tout ce qu’il faut savoir pour cerner ce phénomène rare qu’est le déni de grossesse.

Qu’est-ce que le déni de grossesse ?

Il est normal que l’on se demande comment une femme peut ignorer qu’elle est enceinte. Avec tous les changements hormonaux et physiques qu’implique une grossesse, il y aurait forcément un indice concret de la présence d’un fœtus dans l’utérus de sa mère. La plupart des femmes découvrent leur grossesse au bout de quelques mois. Y a-t-il donc un phénomène étrange qui empêche certaines de le savoir ? Autant dire qu’aucune maladie ne pourrait provoquer une grossesse asymptomatique ; de même, il est extrêmement rare qu’une femme normale tombe enceinte sans s’en rendre en compte avant le terme de la grossesse. Et c’est bien là qu’intervient le déni de grossesse.

À proprement parler, il ne s’agit pas d’un trouble physique, mais d’un problème psychologique. Le déni de grossesse est un mécanisme de défense primitif dans lequel l’esprit nie littéralement toute sensation d’inconfort pour l’organisme, un état qu’induit la grossesse. C’est tout à fait normal pour une femme d’être surprise quand elle se retrouve enceinte. Entre nausées matinales, gonflement des seins et absence de règles, la majorité de la gente féminine subit les symptômes habituels de la grossesse, mais certaines femmes ne les présentent pas du tout, ou ne les reconnaissent tout simplement pas pour ce qu’ils sont.

Déni de grossesse, un refus complet
Déni de grossesse, un refus complet

Comment savoir si le ventre ne grossit pas ?

Les médecins définissent le déni de grossesse comme le fait de tomber enceinte sans être consciente de sa grossesse. Puisque la psyché ne tient pas compte de la grossesse, le corps reçoit la commande psychique et continue de cacher la présence du fœtus. Cela dit, le déni de grossesse n’est pas à confondre avec les grossesses cachées ou les grossesses nerveuses. Pour le premier cas, il s’agit d’une grossesse que la femme cherche à dissimuler à son entourage. Pour le deuxième cas, le corps exprime le désir fort de la femme à avoir un enfant, alors qu’il n’y a tout simplement pas de grossesse. En revanche, le déni de grossesse représente une toute autre réalité, dans laquelle le corps lui-même cache à la future maman sa grossesse, pendant le premier trimestre, voire jusqu’à terme de la grossesse.

  Verrues génitales (ou condylomes génitaux)

Comment savoir si les règles viennent toujours ?

Prise de poids, nausées matinales, gonflement du ventre, absence de règles… La plupart des symptômes habituels de la grossesse n’apparaissent pas chez la femme victime du déni de grossesse. Si chez certains sujets, on peut remarquer un ventre légèrement plus rond que d’habitude, ou une légère prise de poids, ces symptômes ne sont pas suffisamment importants pour alerter les futures mamans. Ces femmes continuent donc leur activité habituelle : pilule, sorties, sport…

Pour expliquer ce phénomène, les médecins et scientifiques avancent que le corps peut s’adapter anatomiquement à la grossesse dissimulée par la psyché. Ainsi, l’utérus se positionne différemment et s’étend sur la hauteur du corps. Cette disposition de l’utérus et des muscles de l’abdomen cache alors à la mère et à son entourage la présence d’un fœtus. Les manifestations des symptômes sont très variées et trompeuses, ce qui rend difficile la détection de la grossesse. Aussi, on parle de déni total (un phénomène qui touche environ 10% des cas de déni de grossesse), lorsque la grossesse ne se révèle qu’à son terme. De son côté, le déni partiel concerne les femmes qui se rendent compte de leur grossesse entre la 20ème semaine et le terme (90% des cas de déni).

Déni de grossesse : quels sont les symptômes ?

Comment savoir si une femme est victime du phénomène qu’est le déni de grossesse ? Il faut dire qu’un certain nombre de signes pourraient empêcher une femme de remarquer les changements qui surviennent dans son corps :

  • Angoisse ou stress. L’idée de devenir mère est tellement stressante pour certaines femmes qu’elles nient vivement leur grossesse. Au fait, le déni est un mécanisme de défense psychique très puissant, qui risque de dissiper tous les symptômes que l’on pourrait avoir. Ainsi, une adolescente peut, par exemple, refuser ou ignorer une grossesse parce qu’elle ne veut pas que ses parents sachent qu’elle a eu des relations sexuelles. Une femme mariée peut choisir la même voie par peur de révéler au grand jour ses relations extraconjugales. Enfin, certaines femmes peuvent subir le déni de grossesse à cause d’un trouble de santé mentale, comme le trouble bipolaire ou la schizophrénie.
  • L’absence de symptômes. Pour certaines femmes, les conséquences physiques de la grossesse, comme la prise de poids, les nausées matinales, les brûlures d’estomac ou la fatigue, ne se produisent pas. Ou ces signes sont si légers qu’une femme ne les remarque tout simplement pas. Dans ce cas, il est donc normal que la future maman ne s’en rende compte qu’à partir de la 30ème semaine de grossesse.
  • La prise de poids. Si la femme a ou prend souvent de l’embonpoint, elle ne remarquera peut-être pas le poids de son bébé. Une femme en surpoids ne ressentira donc pas la sensation de tomber enceinte.
  • Les troubles de menstruation. Le stress, la prise de médicaments spécifiques (pilules ou remèdes contre l’épilepsie), l’obésité ou d’autres pathologies comme le syndrome des ovaires poly-kystiques peuvent occasionner des troubles de menstruation. Or, les femmes habituées à ce phénomène ne pensent pas toujours à une grossesse lorsqu’elles manquent leurs règles.
Aller au travail comme si de rien n'était
Aller au travail comme si de rien n’avait changé

Des résultats de test de grossesse faussés

Les tests de grossesse, qui s’appuient sur la gonadotrophine chorionique humaine, sont généralement la première idée des femmes qui soupçonnent une grossesse. Pourtant, ces dispositifs peuvent donner des résultats faussés lorsqu’ils ne sont pas correctement utilisés ou lu, voire lorsque le fœtus émet peu de substance au tout début de la grossesse. Il est donc préférable de recourir à plusieurs tests pour se rassurer de sa situation.

  Stomathérapie : le rôle des spécialistes dans l'accompagnement des patients ?

Un cycle menstruel irrégulier

Chez certaines femmes, les menstruations sont si irrégulières que le fait de manquer leurs règles ne semble pas nécessairement les alarmer. Elles continueront donc de prendre la pilule pour prévenir les grossesses, alors qu’elles portent probablement déjà un enfant.

La stérilité chez la femme

Le trouble des ovaires poly-kystiques ou un déséquilibre hormonal peut, chez la femme, réduire la probabilité de tomber enceinte. Or, se fier à ce seul diagnostic peut conduire la femme à ignorer les symptômes précoces de la grossesse, alors qu’en réalité, son ventre commence déjà à grossir.

Le stress

Cet ensemble de signes et pressions est bien connu pour nuire à la santé et à l’attitude de quiconque, mais il affecte davantage une future maman qui n’est pas au courant de sa grossesse. Dans certains cas, le stress peut conduire au refus psychique de procréer, ou encore distraire la femme des réalités de la grossesse.

Le stress peut atteindre des niveaux très importants et dangereux.
Le stress peut atteindre des niveaux très importants et dangereux.

Les troubles de la santé mentale

Les femmes victimes du déni de grossesse souffrent parfois de troubles de santé mentale, notamment de schizophrénie, de dépression grave et de troubles de la personnalité. En réalité, ces problèmes psychiques peuvent compromettre la capacité de la future maman à détecter sa propre grossesse.

L’efficacité relative des contraceptifs

Bien entendu, les pilules, préservatifs et autres contraceptifs peuvent être extrêmement efficaces pour prévenir les grossesses non désirées, mais ils sont loin d’être parfaits. Les préservatifs sont susceptibles de se détériorer, tandis que le fait d’utiliser des contraceptifs de manière incorrecte, peut multiplier le risque de grossesse.

Un bébé qui ne bouge pas ou peu

Les types de mouvements du fœtus sont multiplies, et vont du plus léger mouvement à des mouvements de grande amplitude de son corps entier. Bébé peut donc bondir, fermer ses poings, tourner la tête, plier ses jambes ou bras, se retourner… Mais encore faut-il savoir que tous les bébés ne feront pas ces mouvements durant les premiers jours de grossesse. Certains fœtus sont plus inactifs que d’autres, ce qui peut influencer la sensation de grossesse chez les futures mamans.

  34 semaines de grossesse, 36 semaines d'aménorrhée

Pas de prise de poids

Pendant la grossesse, le poids des femmes enceintes augmente généralement pour prendre en compte celui du bébé et des autres fluides qui accompagnent la grossesse. Mais ce n’est pas toujours le cas, notamment si bébé produit de faibles quantités d’hormones hCG. Malheureusement, cette situation peut expliquer aussi le faible poids de certains nourrissons.

Compte tenu de tous ces facteurs, signes et symptômes qui accompagnent ce phénomène, il est indispensable de noter que n’importe quelle future mère peut subir le déni de grossesse.