Le score de Nugent est un test de laboratoire utilisé pour diagnostiquer la vaginose bactérienne. Ce diagnostic, basé sur l’observation au microscope optique de l’écoulement vaginal, a été décrit pour la première fois en 1991 par R.P Nugent. Le score de Nugent est calculé en évaluant la présence de bactéries Gram-positives Lactobacillus ssp., Gardnerella vaginalis et Mobiluncus spp. Nous allons dans les lignes qui suivent, nous pencher sur la façon d’interpréter ce test très populaire.
Conduite du test
Pour commencer, on procède à un prélèvement des sécrétions au niveau du cul de sac latéral ou postérieur du vagin. On effectue ensuite à une coloration de Gram une fois que le prélèvement est étalé sur une lame. Après cela, on fait un décompte qualificatif et quantitatif de trois catégories de microorganismes, à savoir les lactobacilles de la flore de Döderlein, les bactéries de l’espèce Gardnerella vaginalis et des bacilles du genre Mobiluncus. L’abondance des bactéries est notée sur un barème allant de 0 à 4 pour les deux premiers groupes et de 0 à 2 pour les Mobiluncus.
Pour les lactobacilles, une note de 4 correspond à une absence totale. Une note de 3 correspond à 1 occurrence, tandis qu’une note de 2 correspond à des occurrences comprises entre 1 et 4. Une note de 1 est affectée si le nombre de lactobacilles différenciés oscille entre 5 et 30. Au-delà de 30, 0 sera la note affectée. Pour Gardnerella vaginalis, c’est l’inverse. 0 correspond à une absence, tandis que 4 correspond à une abondance. Pour Mobiluncus spp., 0 est synonyme d’absence, tandis que 1 correspond à une occurrence comprise entre 1 et 2. Au-delà de 3, la note 2 est affectée.
Interprétation du score de Nugent
Pour le calcul du score de Nugent, on additionne les notes obtenues par chacune des 3 catégories de microorganismes. Si le score obtenu est compris entre 0 et 3, on est en présence d’un vagin sain et d’une flore normale. S’il oscille entre 4 et 6, il s’agit d’une flore intermédiaire susceptible d’évoluer dans un sens comme dans l’autre. Au-delà de 7, les risques de vaginose bactérienne sont très probants et la flore est extrêmement altérée.
Compréhension du test de Nugent
Pour comprendre le test de Nugent, il faut avoir une bonne connaissance de la flore de Döderlein. Cette flore, qui porte le nom du biologiste allemand qui l’a découverte, désigne la population microbienne du vagin de la femme et spécifiquement les lactobacilles qui y habitent.
La flore vaginale normale est dominée par diverses espèces de Lactobacillus, qui aident à maintenir la santé du vagin par la production d’acide lactique, de peroxyde d’hydrogène et d’autres substances qui inhibent la croissance des levures et d’autres organismes indésirables. Ils maintiennent le vagin à un pH sain d’environ 4 et cet environnement légèrement acide aide à le protéger contre les infections.
Les lactobacilles protègent contre l’infection vaginale en colonisant l’espace disponible. Lorsque le niveau de lactobacilles est perturbé et que la flore vaginale est déséquilibrée, le risque de développer une infection augmente. Les infections peuvent entraîner des symptômes désagréables tels que des démangeaisons, des irritations, des brûlures, des rejets anormaux et des odeurs vaginales désagréables.
La vaginose bactérienne est un trouble polymicrobien caractérisé par une augmentation du pH vaginal au-delà de 4,5, une réduction ou une absence de lactobacilles et une prolifération de plusieurs bactéries anaérobies facultatives et obligatoires. C’est une condition caractérisée par le remplacement des lactobacilles vaginaux par des microorganismes à prédominance anaérobie tels que Gardnerella vaginalis, Prevotella, Peptostreptococcus et Bacteroides spp. La vaginose bactérienne est associée à des infections des voies génitales supérieures telles que la maladie inflammatoire pelvienne, l’endométrite, la cervicite, les infections des voies urinaires et l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
Fiabilité du test de Nugent
Ce test est considéré par les laboratoires du monde entier comme l’étalon d’or quand il s’agit de déceler la vaginose bactérienne. De nombreuses études se sont prononcées sur la validité et la fiabilité du score de Nugent. Les résultats sont sans appel : ce test est hautement fiable pour détecter la vaginose bactérienne et l’altération de la flore vaginale. Il a l’avantage d’être reproductible et peut être implémenté très facilement dans la plupart des centres de santé.
Son utilisation requiert cependant la présence de personnes compétentes pour identifier et compter les bacilles, chose difficile à obtenir dans les pays en voie de développement. Le score Nugent est maintenant rarement utilisé par les médecins, en raison du temps nécessaire pour lire les diapositives. Il nécessite aussi l’utilisation d’un microscopiste de grande qualité. En dépit de ces limites, le score de Nugent est un excellent moyen pour déterminer l’état de la flore de Döderlein.
Conclusions à tirer des résultats du test de Nugent
Si votre score varie entre 0 et 3, cela signifie que votre flore est équilibrée et que votre vagin est paré pour faire face à l’envahissement par des pathogènes. Vous devrez néanmoins prendre des mesures pour maintenir cet équilibre en consommant des aliments fermentés (yoghourt, fromage…) et en ayant recours à des pro-biotiques. Pour celles dont le score est compris entre 4 et 6, une attention particulière doit être accordée au vagin. La patiente devra abandonner toutes les pratiques qui nuisent à la flore vaginale, y compris le tabagisme, l’utilisation de douches vaginale et la prise d’antibiotiques. Pour un score au-delà de 7, des mesures doivent être prises pour restaurer la flore vaginale.
L’une des difficultés dans le traitement de la vaginose bactérienne et des affections connexes, telles que les infections à levures, consiste à déterminer comment restaurer la flore vaginale normale. Parfois, les populations bactériennes reviennent à des proportions normales après le traitement. D’autres fois, elles ne le font pas. Afin d’aider à restaurer une flore dominée par les lactobacilles, un certain nombre de chercheurs étudient des pilules probiotiques et des suppositoires. Ces traitements contiendraient des espèces de lactobacillus, avec l’espoir qu’ils croîtraient et se recolonisent le vagin. À ce jour, les résultats ont été plutôt positifs. Pourtant, s’ils sont confirmés, les probiotiques pourraient être une nouvelle façon d’améliorer la santé vaginale.